La saison sportive est à l’arrêt, les compétitions nationales et internationales en aviron comme pour les autres sports sont annulées et les seules perspectives de compétitions sont à présent pour le mois de septembre, si la situation en France s’améliore et autorise la reprise des activités sportives. Une situation très difficile pour les rameurs qui bouclaient leur grosse préparation hivernale et qui allaient commencer la partie la plus réjouissante de la saison, celle des compétitions d’abord en bateaux courts puis en bateaux longs.
La direction sportive du Sport Nautique de Bergerac a voulu, malgré cette situation, permettre à ses rameurs de conserver une activité sportive pour maintenir les acquis et entretenir leur condition physique afin d’être prêts pour la reprise des compétitions quand elle aura lieu.
Ainsi, une trentaine d’ergomètres (rameurs concept 2) et du matériel de musculation ont été prêtés par le club à une sélection de rameurs de la catégorie J16 aux séniors.
Pour animer le confinement et apporter une émulation à distance dans le groupe, la « Team SN Bergerac » a été créée pour participer au "World Erg Challenge" concept 2 du 15 mars au 15 avril. Il s’agissait de ramer sur « l’ergo » tous les jours pour les plus âgés et de suivre le plan proposé par les entraîneurs mais aussi de cumuler pour l’équipe le maximum de kilomètres.
Ce challenge mondial virtuel, qui intéresse habituellement les seuls passionnés d’aviron indoor, a suscité cette année un grand enthousiasme international chez les spécialistes de l’indoor
confinés mais aussi chez les rameurs privés de bateau.
Les bergeracois se sont pris au jeu et sortent vainqueurs avec un cumul de 4718 km. L’équipe gagne dans sa catégorie en "Team virtuel" de moins de 20 équipiers.
Les jeunes et les moins jeunes, en confinement en Dordogne ou ailleurs en France, certains dans leur petit logement d’étudiant à Lyon, Nancy, Agen ou Toulouse se sont surpassés lors des derniers jours en effectuant des marathons à répétition. Ils ont pu ainsi découvrir une nouvelle forme de performance, celle de la longue distance alors qu’ils pratiquent d’habitude sur 2000 m.
Qui s'est déjà entraîné sur un ergomètre, sait que durer au-delà d'une heure sur la machine n'est pas facile. Ce sont les anciens, plus enclins aux efforts de longue distance qui ont tenté en premier ce fameux marathon entraînant dans leur sillage les jeunes, qui ont relevé le défi à leur tour de bien belle manière. Voici les témoignages des fadas du marathon :
"J'ai été motivé quand j'ai vu toutes les personnes dans le groupe faire un marathon. Alors on s'est dit avec les copains : "Pourquoi pas essayer de nouvelles sensations". On n'a pas été déçu, loin de là. On avait décidé de faire ce marathon à 3 avec Baptiste et Simon et on avait décidé de le faire en Facetime pour se donner du courage et trouver le temps un peu moins long. Le marathon a été très surprenant car je ne m'attendais pas à avoir autant de difficultés sur ce genre d'épreuve. Les premiers 21 kms ont été assez facilement encaissés car le mental était là. C'était pas si terrible que ça, à part que c'était long. Arrivé aux 15 derniers kms, le moral a flanché d'un coup et l'envie d'arrêter tournait dans la tête. Mais j'ai continué parce que les copains étaient là. Les 6 derniers kms étaient horribles car le mal aux fesses se ressentait très fortement et l'approvisionnement en eau était coupé. Une fois arrivé à la fin, c'était le soulagement (2h 56 min 40). J'ai eu mal aux fesses pendant les deux jours suivants. " Yann Le Campion
"Lundi 13 Avril 2020, avec Yann et Simon, on décide de faire un semi marathon pour faire notre séance de sport de la journée. On part se mettre en tenue et la on se dit sur un coup de tête : « Et si on faisait un marathon ? ». 42 km195 au lieu de 21 km c’est comment faire 10 km au lieu de 5 km je me disais…On décide de s’appeler en visio pour pouvoir communiquer sur nos moyennes et s’encourager mutuellement. 17h00, nous voilà partis pour 3h d’ergo non-stop. 20h00, 42 km 195 m plus tard, 10 gourdes bues et 3L de transpi en moins on termine le marathon. Je suis fier d’avoir fini le marathon, et ça a été une expérience très agréable malgré la fatigue accumulée derrière. Merci a Simon et Yann pour avoir fait le marathon ensemble, et à tous les gars qui sont passés nous encourager pendant l’appel visio (Alex, Guillaume, Karim, Tobias, Thibaut, Augustin...)." Baptiste Debest
"Au début, je ne comptais pas faire un marathon mais seulement faire des kilomètres pour le challenge, à allure faible, en regardant des films. Mais 1h30 après, j'ai remarqué que c'était passé relativement vite et j'avais déjà passé le semi. Du coup, j'ai continué. Le problème pour moi, ce n’était pas la douleur dans les jambes mais juste la fatigue à partir de 35 kms. Je faisais des pauses toutes les 20/30 min. Et la deuxième partie est passée très lentement du coup. A la fin j'étais content de l'avoir fait et de rapporter des kms à l'équipe pour le challenge. C'était cool de l'avoir fait mais je ne compte pas le refaire d'ici un bon moment car l'ergo ce n’est pas très amusant." Tobias Gilbert
"Dès qu'il y a un défi à relever, même s'il est trop grand, je tente le coup. J'aurais dû me préparer mieux que ça, faire un 25 kms (…) et moins de charge de travail 15 jours avant ça aurait été mieux. (…) Je trouve que la douleur physique est différente pas forcément mal aux jambes mais plus aux articulations d'épaules, tension dans le dos, que l'on n'a pas sur les courtes distances, mais surtout la monotonie (regarder ce putain de cadran pendant plus de 3 heures tu pètes un câble), ou alors il faudra le faire à plusieurs. Enfin bref malgré le temp médiocre que j'ai fait, très content de l'avoir fait je pensais pas un jour faire un marathon. Au moins du positif à cause de ce putain de covid 19." Christian Crespy
"Après avoir fait le semi marathon, je voulais aussi tester le marathon et en voyant tout le monde le faire, je me suis dit que c'était l'occasion d'en faire un. (...) A partir des 35 kms, j'avais très très mal partout, j'avais plus de bras, plus de jambe et surtout très mal à rester assi sur ma coulisse, mais après je suis reparti en me disant qu'il ne restait pas beaucoup de kms et j'ai commencé à tout donner pour finir. C'est une grande satisfaction d'avoir fini le marathon." Augustin Caillet
"Ça y est, j’ai réalisé mon 1er marathon sur ergomètre, mon 1er marathon tout court d’ailleurs ! Quelle expérience, quel défi. Jamais je n’aurais pu me lancer dans ce défi seul. C’est grâce à la team SN Bergerac que j’ai pu valider dans ma tête de réaliser cette longue distance. L’émulation, voilà le mot adéquat : faire bien, faire mieux, se surpasser et enfin s’améliorer. Je pense que j’en referais un autre tout simplement pour faire mieux, car par crainte de ne pas y arriver, je l’ai réalisé en mode ÉCO. Cela saute aux yeux quand je regarde ma courbe cardio. Mon objectif premier était de le finir et je l’ai fini. Le plus dur reste peut-être la préparation mental, se dire que je vais ‘’ramer’’ pendant plus de 3 heures… ça fait mal aux yeux avant le départ et pendant 1 heure. Physiquement, ça a commencé à piquer dans les 3 derniers kilos. Là je me suis dit : "waouuuu tu y es arrivé, poses tout et pousses". J’ai fini il faut le dire, fatigué mais serein et surtout content du devoir accompli." Vincent Ménégon
La période est aux défis et nombre de rameurs s'attaquent en ce moment aux épreuves aviron indoor proposée par la Fédération Française d’Aviron et tentent de battre quelques records. Nathalie Villechenaud, dans sa catégorie Femme Poids léger 40-49 ans, s’est d'abord attaquée au record de l'heure et a réalisé la performance de 14471m battant le précédent record de 591 m. Puis entraînée par l'émulation de la Team SN Bergerac, elle a tenté et réussi à boucler le marathon en 3 h 05 min et 58 s à seulement 5 min du record du monde. Cette performance lui vaut donc le record de France dans sa catégorie.